à pleins de moments dans mon parcours à l’école il y a eu ce truc de devoir passer par internet et les réseaux sociaux pour communiquer sur ma pratique et me relier à ce qu’il se passe à l’école et ça m’a posé beaucoup de questions j’avais du mal à faire certains choix par rapport à ça, et j’ai l’impression que c’était une question qu’on abordait pas directement à l’école qu’est ce que ça veut dire poster son travail sur Instagram avoir un personnage publique virtuel est-ce qu’il y a des endroits plus ou moins respectueux de notre éthique pour partager notre contenu à quel formatage on se confronte c’est quoi le sens de donner à une entreprise privée notre travail, ça m’a emmené à pleins d’endroits pour questionner quelle était la place de ces technologies dans ma vie dans mon quotidien, où est-ce que je vais découvrir des nouvelles choses où est-ce que je vais discuter avec des personnes comment je vais me relier par quoi ça passe comment je sens pendant après et il y avait un truc qui ressortait souvent j’ai l’impression c’était que j’étais plutôt dans une position d’utilisatrice de ces technologies, souvent je me sentais frustrée par la façon dont ces espaces-outils étaient faits, je me posais pleins de questions devant eux sans pouvoir proposer des changements aux personnes qui les font, le chemin pour arriver à faire changer d’avis Mark Zuckerberg donne le vertige je trouve, j’ai l’impression qu’il y avait très souvent ce truc de moi qui fait pleins d’efforts pour m’adapter aux visions du monde d’autres personnes, qui ont un certain nombres d’intentions envers moi et le monde entier, ça me faisait des sensations de malaise j’avais l’impression que c’était des endroits où je vivais pleins de choses intimes avec des personnes et j’avais l’impression de pas être chez moi de pas me sentir complètement à l’aise, comme si j’étais pris dans des stratégies commerciales politiques à l’échelle planétaire depuis l’endroit où j’envoie des messages à mes ami.e.s, ça me faisait des sensations de paralysante que j’avais du mal à exprimer, qui se sont traduit par des actions comme quitter Facebook pendant ma deuxième année à l’école, ce qui a eu pleins de conséquences sur ma façon de me relier à l’école
Â
en même temps que j’ai quitté Facebook je travaillais avec des personnes qui m’ont fait découvrir la création de site web et l’histoire et le fonctionnement d’internet, ça a pris plusieurs années mais je pense que j’ai compris d’où venait ce malaise, je pense que c’était beaucoup relié à ne pas comprendre comment les choses fonctionnent, et je pense maintenant que c’est en partie une stratégie de ces entreprises pour construire un internet à leur image
Â
de ce que j’ai compris à la base Internet a été construit pour qu’on puisse chacun·e avoir nos espaces personnels indépendant les uns des autres et reliés entre eux, c’est le principe des sites web et des liens hypertextes, les liens qu’on peut cliquer pour aller d’un site à l’autre. Internet a grandi grossi en taille et en nombre d’utilisateur.rices et c’est devenu un enjeu politique économique majeur, beaucoup d’argent des nouveaux usages en train de se créer sur lesquels influer, et des entreprises privées ont créé des espaces et des outils qui se sont imposés et qui ont redéfini les chemins qu’on prend quand on va sur Internet
Â
par ex les réseaux sociaux en créant des espaces où on peut partager du contenu sans être propriétaire de l’espace de publication, et ce contenu est partagé aux autres utilisateurs.rices via des cercles de relation et/ou le travail d’algorithmes de suggestions, ou comme les moteurs de recherche qui vont hiérarchiser internet en fonction de quelle site apparaît en premier sur leur liste
Â
L’idée d’avoir un ou plusieurs profils sur des réseaux sociaux a remplacé l’idée d’avoir un espace qui nous appartient où l’on pourrait choisir comment cette espace est construit comment il fonctionne à quoi il ressemble qu’est-ce qu’on peut y faire dessus quel chemin proposer à l’intérieur de cette espace. Ces possibilités de création ont été remplacés par des interactions et des règles définis par ces entreprises dans leurs outils : le Like sur Facebook, le format carré d’Instagram, et une quantité de choix dans l’interface et les interactions possibles.
Â
Un ami appelle ça l’encapsulation d’internet, l’idée que de plus en plus les personnes vont sur internet via des applications pour téléphones, qui sont des sites internet dans des espaces clos, et de moins en moins via des navigateurs web, la stratégie derrière étant de garder les utilisateur.rices à l’intérieur des applications et limiter les liens avec l’extérieur. Ca m’a trop marqué quand quelqu’un m’a fait remarqué qu’on peut pas mettre de lien dans des descriptions de photos sur Instagram, tu peux mettre le lien mais le texte ne sera pas cliquable, c’est un parti pris très fort par rapport à l’idée d’internet je trouve, pour garder l’utilisateur.ice à l’intérieur d’Instagram en favorisant les liens à l’intérieur du réseau et empêchant de quitter la plateforme facilement.
Â
Il y a un article trop intéressant sur WhatsApp et la domestication des utilisateurs, qui fait un parallèle entre les processus de domestication des animaux par les humains et la façon dont des entreprises comme Facebook conditionnent leurs utilisateur.rices pour les rendre dépendant.es d’eux.
Â
Â
Ces changement de façon de vivre Internet vont dans le sens de nous soumettre à ces enjeux politiques et économique, en nous gardant dans la position d’utilisateur·rices consommateur·rices, en nous enlevant du pouvoir d’actions de décisions dans des structures qui régissent une partie de nos vies, comme l’Etat et la politique le font dans les espaces physiques et les territoires.
Â
Â
En fabriquant mes sites internet j’ai pu créé mes propres espaces pour habiter sur internet, par ex j’ai imaginé des outils de journal intime pour m’aider à organiser mes émotions et mes réflexions pendant des périodes d’introspection et comme c’était des sites internet c’était aussi des espaces de partage de diffusion accessible par tous. Ça m’a permis de reprendre aussi des idées que j’ai découvert par les réseaux sociaux mais mélangé avec pleins d’autres trucs comme des expériences que j’ai eu avec des jeux vidéo des livres, faire ces propres espaces c’est une approche hyper excitante d’internet je trouve, il y a une liberté de créer des espaces comme on les imagine et de le relier à d’autres espaces indépendants comme le notre, créer des cartographies des nouveaux chemins sur Internet, en faisant des recherches j’ai découvert que les outils que je faisais pour moi pouvaient intéresser d’autres personnes, j’ai découvert des personnes qui cherchent des choses similaires et qui partagent aussi librement le code des outils qu’iels fabriquent et leur processus de création, ça m’a donné la sensation d’appartenir à une communauté de gens qui cherchent à construire des espaces personnels sur internet et à échelle humaine
Â
c’était un truc un peu violent pour moi quand j’ai quitté facebook, je me suis coupée de certaines sources d’informations et de vie sociale et je me rendais pas compte la place que ça avait avant de le quitter, j’avais pas mis en place d’alternatives tout de suite, du coup c’était aussi une énergie particulière de devoir créer mes propres façons de me connecter aux choses importantes pour moi mais dans ce chemin il y a aussi pleins de choses que j’ai appris et c’est pas forcément à hiérarchiser de façon évidente je trouve il y a des choses qu’Instagram va te permettre de faire qui sont spécifiques et dans mon chemin à rechercher des trucs d’indépendances il y a des choses spécifiques aussi
Â
ça m’intéresse beaucoup de mettre en commun ces chemins les apports les manques dans nos vies par rapport à ces espaces et ces outils, j’ai l’impression il y a un peu ce truc de les réseaux sociaux existent tu peux être dedans ou dehors dans tous les cas tu es en relation avec eux, à l’école les étudiants utilisent Instagram les profs l’utilisent les artistes qu’on suit l’utilisent il y a une vie de l’école qui se passe sur les réseaux sociaux autant avec les mails Facebook Instagram et on aborde pas trop le sujet directement, il se passe pleins de choses politiques organisationnels émotionnels dessus et en même temps c’est dur d’avoir du recul par rapport à ça, de mettre des mots sur des sensations des situations qu’on a jamais verbalisé, qu’on vit parfois à l’intérieur de notre corps dans des situations où l’on est seul devant un ordinateur un téléphone, qui peuvent être séparé de comment on est dans des espaces physiques comme dans l’espace de l’école
Â
l’idée de cette radio c’était aussi comment on pourrait créer un espace où l’on pourrait parler collectivement de tout ce qui se passe mais qui est un peu invisible dur à saisir et en même temps super présent autour de nous, les dynamiques à l’intérieur de l’école les expériences dans les espaces virtuels qu’on partage les rapports de force qu’on ressent
Â
j’ai l’impression qu’à plusieurs on peut plus dessiner une carte des espaces virtuels qui nous correspond et qui nous aide à nous repérer
Â
Â